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Portrait d'Alumni entrepreneur - François Cherbonneau (P22), CEO et co-fondateur de Quidditas Therapeutics
Racontez-nous votre parcours depuis l'EBI et pitchez votre entreprise.
Diplômé de l'EBI en 2016, j'ai eu la chance d'intégrer le Massachusetts General Hospital - Harvard Medical School pendant mon stage de fin d'études où j'ai développé une technologie de séquençage de l'épigénome. J'ai alors continué mon parcours sur une thèse en co-direction entre la Harvard Medical School et l'Université de Paris (partenariat MGH et Hôpital Saint-Louis). J'ai effectué l'ensemble de ma thèse à Boston où j'ai créé et développé une nouvelle technologie de séquençage pour le monitoring des cellules vivantes, TRACE-seq. J'ai été diplômé d'une thèse en Biothérapies, spécialité Génétique depuis février dernier. Après mon retour en France, j'ai créé et développé une nouvelle technologie de Génome Editing, GREAT, qui fait suite à un dépôt de brevet. J'ai alors décidé avec une autre EBIste ingénieur-chercheur (MGH-HMS/UP) mais aussi ma femme, Aurore, de co-fonder l'entreprise QUIDDITAS Therapeutics en juillet dernier. Nous sommes en phase de première levée de fonds et nous négocions actuellement des partenariats avec des industriels. L'entreprise est incubée à Incuballiance (Université Paris Saclay) pour une installation sur le plateau de Saclay et nous avons été sélectionnés pour le programme Challenge + d'HEC.
Comment a émergé votre envie d'entreprendre ? quelles étaient vos motivations ? de votre point de vue, quelles sont les qualités essentielles pour s'épanouir dans l'entrepreneuriat ?
De mon point de vue, l'innovation et la recherche de technologie, toujours plus performante et pertinente, est directement corrélée avec la Science et plus généralement l'Homme. Ainsi je voulais apporter des réponses plus précises et performantes afin de pousser vers un développement plus rapide de traitement pour les maladies génétiques.
Les qualités d'un bon entrepreneur sont à mon sens :
- Être Déterminé : ne pas avoir peur d'aller de l'avant tout en sachant ses faiblesses et celles de son équipe. Beaucoup vous diront que c'est impossible, voire vous découragerons, mais c'est la persévérance qui fait éclore le succès.
- Savoir être responsable et autonome : c'est votre projet, personne ne sera derrière vous pour le faire avancer et encore moins si vous avez des employés. C'est donc à VOUS de prendre des décisions (parfois difficiles) et de rester motivé pour que l'ensemble du projet avance !
- Savoir faire confiance et savoir déléguer : on ne crée pas une entreprise tout seul, il faut savoir être modeste et transmettre sa passion.
- Être visionnaire et toujours s'armer de patience : être entrepreneur c'est toujours avoir un coup d'avance et préparer avec minutie son plan de développement, sa levée de fonds etc.
- Savoir se remettre en question : il faut être avare de conseils (rester humble) et être flexible/adaptable, sinon votre projet n'ira pas bien loin.
Créer une entreprise c'est également transmettre des valeurs, une culture d'entreprise, et il ne faut pas négliger quelles valeurs apposer à son entreprise.
Comment avez-vous procédé pour lancer votre projet ? avec des associés ? avec quel accompagnement ? quels objectifs ? quelles difficultés avez-vous rencontrées ? comment les avez-vous surmontées ? quelles opportunités ont contribué à l'essor de votre business ? quels conseils pourriez-vous donner aux EBIstes qui souhaitent se lancer ?
Entreprendre est un mot très généraliste et, derrière chaque entrepreneur, il y a des femmes et des hommes aux qualités diverses et variées. Concernant QUIDDITAS, nous sommes dans le Deeptech mais plus précisément les Biotech, et de manière encore plus précise le Génie Génétique. Ainsi l'idée d'entreprendre dans ce domaine ne peut et ne doit pas être prise à la légère. En général pour les deeptech cela part d'une idée, d'un projet de recherche, dans mon cas précis je suis parti également d’une constatation : les technologies actuelles comme les ciseaux moléculaires Crispr présentent une liste non négligeable de contraintes technologiques et réglementaires qui freinent leur développement en termes de GMTPs. J'ai alors décidé de créer une tout autre technologie, sans être pollué par la « Mouvance Crispr ». Je voulais une technologie « clef en main » utilisable sur tout type d'acide nucléique et permettant ce que j'ai appelé une « recombinaison génétique absolue », c'est-à-dire un remplacement totalement contrôlé d'une séquence génétique (exon) par une autre, ce qui permettrait à terme de proposer des MTI personnalisés réellement stringents pour les troubles génétiques.
J'ai donc choisi de développer cette nouvelle technologie et, après génération de datas préliminaires solides, j'ai décidé de déposer un brevet. Il ne faut pas négliger la PI, qui est à la fois une protection mais aussi, avec un angle d'approche plus anglo-saxon, une véritable arme. L'entrepreneuriat est une affaire de concurrence et il n'y a aucune pitié dans le monde des affaires, aussi la PI vous aide à vous y préparer.
Puis j'ai co-fondé notre entreprise avec Aurore, qui a le même parcours que moi, mais une thèse en Biothérapie spécialité immunologie. Afin de valider nos résultats préliminaires, nous avons présenté ceux-ci devant bon nombre d’experts et spécialistes et nous nous sommes entourés d'un SAB solide avec un expert en « delivery », un expert affilié à un partenaire industriel et un professeur spécialiste en études cliniques et règlementaires. Il faut savoir créer du lien, se rapprocher de différents acteurs, étatiques comme industriels. Savoir aller de l'avant tout en sachant rester prudent (des erreurs seront de la partie, mais à limiter en termes d'impact, tout en les sachant essentielles à l'apprentissage). Nous avons décidé d'être incubé à Incuballiance au niveau du plateau de Saclay car ce secteur est considéré comme la nouvelle Silicon Valley européenne et bénéficie d'un fort rayonnement international (même aux USA/ Boston). Nous bénéficions du réseau de Saclay avec le soutien des deux meilleures écoles françaises d'ingénieurs et de commerce, Polytechnique et HEC.
Mes conseils sont :
- Croire en soi : « se connaitre soi-même, c'est sagesse supérieure » Lao-Tseu.
- Ne pas se laisser déstabiliser tout en restant pragmatique.
- Bien « critériser » son idée pour mieux anticiper les enjeux de positionnements et demandes en termes d'impact, de levée…
- Trouver une méthode qui vous permet de déterminer très tôt les risques liés à votre idée/technologie.
Cela répondra aussi à une question fondamentale « mon idée/technologie (constat) mérite-t-elle de me lancer ? ». Ainsi, on ne se lance pas comme cela à corps perdu ! Il s'agit de se définir un cadre, c'est donc un gros travail en amont sur son innovation. Même à ce stade, il faut savoir se faire aider et rencontrer des personnes du milieu, recueillir des avis éclairés d'experts avant de se lancer et si on y va, savoir pourquoi on y va (plan de bataille clair).
Une fois cette étape définie, il faut aussi faire un travail sur soi-même. Innover dans les biotech demande un certain nombre de connaissances. Dans les deeptech et aussi beaucoup d'autres secteurs moins techniques, avoir une multiplicité de diplômes est un réel plus (également une expatriation est un GROS plus). Pour déjà avoir une idée/techno en sciences (medtech, Biotech), aujourd'hui, une thèse est un indispensable (outre PharmD ou MD). Le modèle de référence est celui des Anglo-saxons et, pour eux, seule la thèse fait foi. Pour rester maitre de son entreprise une fois fondée (et ainsi éviter de perdre la main de votre idée/entreprise), il vous faut vous spécialiser dans le commercial/management (MBA, ESSEC etc.) En clair, il faut savoir se dépasser, aller de l'avant, « à qui veut fortement une chose, nul obstacle n'est difficile ». Pour finir, ne jamais se contenter de peu mais toujours chercher l’excellence.
Que vous a apporté votre formation pour entreprendre ?
L'EBI apporte une vision globale de la question de l'entrepreneuriat. Ainsi Aurore et moi avons acquis des bases qui nous ont permis d'appréhender le schéma global de la création d'une start-up. Si vous avez plus ou moins tôt un désir de créer quelque chose dans les biotech (cela a été mon cas), certains cours, particulièrement le règlementaire et la PI, sont très profitables. Néanmoins il faut approfondir vos connaissances de l'EBI et les mettre en pratique.
Pour ce qui sont des biotech elles-mêmes (conception d'une idée), une thèse est un réel plus (voire rédhibitoire pour certains sujets dits « sensibles »). En ce qui concerne l'entrepreneuriat (création et gestion d'une start-up), une formation, voire un diplôme, d'une école de commerce est indispensable. Ainsi, si vous voulez entreprendre sur des sujets techniques, il faut voir l'EBI comme un tremplin qui vous permettra d'accéder à des formations et diplômes de premier ordre pour innover, créer, développer et suivre votre idée/technologie pour en faire une véritable success-story.
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